La fixation de truck - Un cas d'éco-conception
La fixation de truck pour skateboard est un mécanisme permettant de changer les trucks (et donc les roues) de son skateboard en quelques secondes et sans outil. Elle permet de varier les pratiques ou encore de se déplacer en planches à roulettes (skateboard ou longboard) jusqu’au spot voulu. Un moyen de locomotion respectueux de l’environnement contrairement à la voiture ou aux transports en commun.
L’impact environnemental du cycle de vie de la fixation de truck pour skateboard a été pris en compte dès la phase de conception. Découvrez ce qui a été fait et les pistes d’amélioration pour la suite !
Mais d’abord, qu'est-ce que l'éco-conception ?
L'éco-conception, c'est prendre en compte les impacts sur l'environnement d'un produit dès sa conception. Beaucoup d'entreprises n'appliquent pas ces méthodes car cela prend plus de temps et souvent les coûts sont également plus importants. Pourtant, cela devrait être normal de nos jours de toujours éco-concevoir chaque produit que nous utilisons.
Pour le truck démontable, c'est un paramètre qui a été pris en compte dès le début du projet. Il n'était pas question de proposer une solution ayant un gros impact écologique.
Du bon sens pour trier les idées
En comparant des solutions et sans forcément faire de calcul, on peut rapidement évaluer l'impact de chacunes des solutions imaginées et choisir celle qui paraît la moins impactante.
En creusant le problème auquel était censé répondre le produit, il est apparu que ce qui intéressait les pratiquants était notamment le changement de roues.
3 systèmes avaient alors été pensés : un système qui s’intégrait dans chaque roue pour venir clipser les roues sur le truck, un nouveau type de truck ou une fixation pour truck (solution retenue).
La solution de roue clipsable a été mise de côté rapidement car elle nécessitait 16 pièces au lieu de 6 (2 par roue). La fabrication de ce système était très probablement plus énergivore, demandait plus de matière, ou encore présentait plus de risque de casse (et donc de production supplémentaire).
L'objectif était également de concevoir une solution s'adaptant au matériel que possédait déjà l'utilisateur et ne pas créer de nouveau standard. Ce à quoi ne répondait pas la solution du nouveau type de truck.
Pour ma part, j'avais chez moi 2 planches de skate, 2 paires de trucks et 3 jeux de roues. Si je pouvais créer une fixation qui s'adapte à tous ces éléments, cela aurait moins d'impact que de créer un nouveau standard et ainsi inciter l'utilisateur à acheter le reste des pièces adaptées.
Évaluation de l'impact environnemental
Dans le cas du truck démontable, la fixation me permettait de me déplacer plus souvent en skate donc j'espérais que cela serait le cas pour d'autres utilisateurs également. Plus précisément : pour aller sur un spot, je me déplaçais en métro avec mon skate à la main ; j'espérais qu'avec la fixation je me motiverai régulièrement à faire le trajet en skateboard (avec les roues de cruiser).
Ce point pourra par la suite influer sur la conception donc je vérifierai au cours du temps auprès des utilisateurs si effectivement leurs habitudes de déplacement ont changé depuis l'achat de leurs fixations.
Même si ma fixation permettait de diminuer l’impact environnemental des déplacements de l’utilisateur, il fallait prendre en considération le paramètre "environnement" dans la conception du produit pour minimiser l'impact de son cycle de vie.
Pour commencer, chaque pièce utilisée pour livrer une paire de fixations neuve au client a été listée et pesée. Cela va des pièces composant le mécanisme au carton utilisé pour la livraison :
Ensuite, grâce au simulateur Ecolizer, l'impact environnemental de toutes les étapes du cycle de vie a pu être évalué (pour en savoir plus sur la méthode à suivre, rendez-vous sur cet article). Et c'est la production qui, de loin, a montré l'impact environnemental le plus important ! Au sein de cette production, c'est la platine truck qui en représentait 68% ! La quantité de matière et la fabrication participaient à hauteur égale.
Cela veut dire que la fabrication des pièces loin du pays où elles sont réceptionnées (par exemple Chine pour la fabrication et France pour la réception des pièces avant montage du système et emballage) auraient ici un impact bien plus faible que la fabrication du produit en lui-même. Remarque : cela pourrait poser néanmoins d’autres problèmes, notamment éthiques.
L’important sera donc ici de diminuer l’impact de l’extraction de la matière et la production des pièces finies.
Les pistes de réduction de l’impact environnemental
L’éco-conception est un processus continu. On ne peut pas tout améliorer d’un coup ou proposer un produit parfait dès le début. Il faut focaliser les recherches sur ce qui a le plus d’impact. Pour la fixation de truck, l’important était comme dit précédemment : le matériau et le procédé de fabrication.
Le choix du matériau
L’aluminium avait été choisi au départ pour ses propriétés mécaniques qui le rendent à la fois très résistant et léger. Mais c’est un matériau qui est également recyclable à l’infini. Et pour le recycler, il faut 95% moins d’énergie que pour le créer la première fois ! 2 solutions pour diminuer l’impact environnemental de l’aluminium :
Utiliser de l’aluminium recyclé
Trouver des chutes d’aluminium suffisamment grosses pour être utilisé. Les pièces étant petites, il est tout à fait possible de trouver des chutes auprès d’un industriel qui au contraire fabrique des très grosses pièces.
Utiliser un autre matériau ne devrait pas ou peu diminuer l’impact environnemental, et il y a un risque que la résistance mécanique ne soit pas à la hauteur de l’alliage d’aluminium choisit. Cette piste a donc été écartée pour le moment.
Le procédé de fabrication
L’usinage a été choisit comme procédé de fabrication des 3 pièces en aluminium pour avoir des tolérances très fines (jusqu’à 0.02 mm près). Mais ce procédé est énergivore, surtout lorsqu’il faut retirer beaucoup de matière. C’est le cas de la platine truck où il faut retirer toute la matière au centre.
La piste de réduction serait ici de réaliser des opérations d’ébauche moins énergivores pour ne réaliser plus que la phase de finition avec ce procédé. Une découpe au laser ou au jet d’eau permettrait de retirer grossièrement la partie centrale en moins d’une minute ! Ce qui prendrait plusieurs minutes en usinage. Cela diviserait ainsi l’impact environnemental lié au procédé de fabrication par 2.
L’emballage et les livraisons
Les livraisons pourront également avoir un impact environnemental non négligeable, notamment sur le changement climatique avec le rejet de CO2 dans l’atmosphère.
On veillera à diminuer au maximum les emballages, réduire les teintures et utiliser dès que possible des produits “naturels” comme le carton ou le papier (pas de polystyrène ou autre plastique pour protéger les pièces).
Également on choisira un transporteur qui essaie de s’affranchir du transport aérien, celui-ci étant le plus polluant.
Les distances de transport des pièces
Certaines pièces comme les ressorts sont difficiles à trouver en France. Également les coûts de production peuvent être bien différents entre l’Asie et l’Europe. Ici nous veillerons à réduire au maximum les distances des transports, en mettant au second plan les coûts. Il sera bon de trouver un fabricant d’aluminium secondaire situé proche du lieu de mise en forme en ébauche (découper laser ou jet d’eau).
Les premières estimations et pistes d’améliorations ont été écrites, reste maintenant à les exploiter avant de lancer une fabrication en grande série. On sait tout de même déjà que les choix de conception faits pour la première série de 10 pièces ont été faits avec le critère environnemental.
L’impact de la production sur l’environnement est très important donc il faudra surtout vérifier que le produit présente un réel intérêt aux utilisateurs au cours du temps.
Pour avoir plus de détails sur la fixation et profiter de son offre de lancement :